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L'ordre de transfert et ses motivations[modifier | modifier le code]
Le 13 septembre fut signé un décret confidentiel du Ministère de l'Economie et du Trésor, émis à l'initiative du Ministre Juan Negrín, par lequel on autorisait le transfert des réserves métalliques de la Banque D'Espagne et on prévoyait une future reddition de comptes aux Cortes (Parlement espagnol), qui n'a jamais été faite[1].
Par son Excellence el Président de la République, a été signé le présent décret confidentiel.
La situation anormale produite dans le pays par l'insurrection militaire oblige le Gouvernement à adopter ces moyens de précaution qu'il considère nécessaires pour sauvegarder les réserves métalliques de la Banque d'Espagne, base du crédit public. La nature même de la mesure et les raisons de son adoption exige que cet accord reste confidentiel. Me basant sur de telles considérations, en accord avec le Conseil des Ministres et sur proposition du Ministre de l'Hacienda, je décide, avec caractère confidentiel, ce qui suit :
- Art. 1º: Le Ministre de l'Hacienda est autorisé à, au moment qu'il considère opportun, ordonner le transport, avec les meilleures garanties, au lieu qu'il estime le plus sur, des stocks qui existeraient en or , argent, et billets en quelque moment dans l'établissement central de la Banque d'Espagne.
- Art. 2º: Le Gouvernement rendra compte en temps opportun aux Cortes de ce Décret.
Madrid, 13-9-36.
Le décret était signé par le Président de la République, Manuel Azaña, lequel affirmait plus tard son ignorance de la destination finale des réserves. Selon ce que justifiait plus tard Largo Caballero, Azaña fut informé plus tard à cause de son état émotionnel et le caractère secret de l'opération : [3]. "De cette décision convenait-il de rendre compte à beaucoup de personnes ? Non. Une indiscrétion aurait été la source d'un scandale international (...) Il fut décidé que personne ne le saurait, pas même le Président de la République, qui se trouvait alors dans un état mental vraiment lamentable. Par conséquence, seuls le savaient le Président du Conseil des Ministres (Largo lui-même), le Ministre de l'Hacienda (Negrin) et celui de l'Air et de la Marine Indalecio Prieto. Mais les deux premiers furent les seuls qui eurent à négocier avec le Gouvernement de Russie." [4]
Divers auteurs, tels que Viñas, ont signalé que la décision de transférer l'or hors de Madrid fut motivée par la rapide avance de l'armée d'Afrique, qui depuis son arrivée dans la péninsule avait réalisé une avancée rapide vers la capitale, se trouvant déjà, au moment de la prise de décision, à Talavera de la Reina à 116 Kms de Madrid sans que les efforts énergiques faits pour les arrêter ou les ralentir dans leur avance n'ait été couronnés de succès, même partiels. Sans doute, les troupes insurgées ne devaient arriver que deux mois plus tard, non à cause de la résistance des forces républicaines, mais à cause d'une décision de Franco lui-même qui décida de se dévier pour secourir les assiégés de l'Alcázar de Tolède, dans une opération de prestige qui le conforta politiquement et lui permis d'accéder à la tête de l'Etat le 29 septembre 1936. La capital résistera jusqu'à la fin de la guerre et le Gouvernement républicain ne se transféra à Valence que le 6 novembre.
Un des principaux protagonistes des faits, Largo Caballero, justifia ensuite, exilé en France, l'envoi de l'or par le Pacte de Non-intervention et la défection des démocraties dans la défense de la République, et dans la menace des insurgés sur Madrid : [5]. Néanmoins, son camarade, également socialiste, (es)Luis Araquistáin, l'attribua par la suite à la pression soviétique : [6].
On parle aussi du danger des anarchistes de la FAI Fédération anarchiste ibérique, et de l'intention anarchiste d'attaquer les coffres forts de la Banque d'Espagne et de transférer les réserves d'or à Barcelone, le bastion de la CNT (Confédération nationale du travail)[7] et de FAI, non seulement pour le maintenir en sécurité, mais aussi pour acheter du matériel de guerre pour leur propre compte[8]. Ce plan aurait été préparé par Diego Abad de Santillán, un des plus ardents détracteurs de Negrín, mais de telles extrémités sont considérées inexactes par l'historien libertaire (es) Francisco Olaya Morales, qui estime que l'or fut transféré à Carthagène non pour des raisons de sécurité, mais avec l'intention préconçue de l'envoyer à Moscou[9].
Bien que la majorité des historiens considèrent Negrín comme l'artisan de l'envoi (de sa propre initiative ou de mèche avec les soviétiques, suivant les interprétations), on ne sait trop qui a eu l'idée de faire sortir la réserve d'or hors d'Espagne. L'historien britannique Antony Beevor signale qu'existent des versions suivant lesquelles l'attaché commercial soviétique Arthur Stashevsky aurait suggéré à Negrín de tenir un «compte courant en or» à Moscou, vu la menace sur Madrid et la nécessité d'acheter des armes et des produits de base[10]. Mais il cite aussi (es)Gabriel Jackson et (es)Víctor Alba, lesquels dans leur livre Juan Negrín attribuent l'idée à Negrín lui-même, soutenant que l'idée provoqua la surprise des soviétiques et que Negrín dut expliquer soigneusement l'idée à l'ambassadeur Rosenberg[11]. Son ami et camarade (es)Mariano Ansó le défendait en affirmant que "il ne pouvait être et ne fut pas l'artisan de l'envoi à la Russie de l'or espagnol; il ne fut qu'un coopérant d'importance mineure du Lénine espagnol (Francisco Largo Caballero) et de ses attachés de cabinet, à la tête desquels figurait (es) Luis Araquistáin"[12]. Selon Pablo Martín Aceña,[13] ce fut également Stashevsky qui a proposé à Negrín de déposer l'or à Moscou, pendant que (en) Walter Krivitsky, général de l'Armée rouge en charge du renseignement militaire en Europe occidentale pendant cette époque (qui prit la fuite ensuite aux Etats-Unis) affirme que quand Staline décida d'intervenir en Espagne, il ne voulu prendre aucun risque et s'assurer de ce qu'il existait assez d'or que pour payer l'aide à la République[14].
De toute manière, jusqu'au jour suivant le Conseil de la Banque d'Espagne (fortement réduit depuis le début de la guerre) ne fut pas informé de la décision de saisie de l'or et de son transfert[15]. Etant donné que l'opération avait déjà commencé, le Conseil de la Banque ne put pas empêcher les dites mesures. Néanmoins, les deux conseillers représentant les actionnaires de la Banque d'Espagne qui n'étaient pas passés du côté des insurgés (José Álvarez Guerra et Lorenzo Martínez Fresneda), présentèrent leur démission[16]. Martínez Fresneda exprima ses plus énergiques protestations, exposant que le transfert de l'or était illégal, car l'or était propriété de la Banque seule, et que ni l'Etat, ni le Gouvernement ne pouvaient disposer de cet or; en plus il expliqua que l'or garantissait la convertibilité des billets de la Banque, et que, pour cela, il devait rester dans les coffres forts de la Banque
[17].
Traduction en cours.
...
- (Bolloten 1989: 261) et (Viñas 1976: 133-4)
- (Sardá 1976: 433) y (Olaya Morales 2004a: 286-7)
- Olaya Morales indique (2004a: 447) que, "d'un point de vue légaliste", cela pourrait violer l'article 76 de la Constitution de la République espagnole de 1931, qui donnait au Président la possibilité pour signer "les décrets, présentés par le Ministre compétent, avec accord préalable du Gouvernement, le Président pouvant décider que les projets de décrets soient soumis aux Cortes, s'il croit qu'il qu'ils sont en contradiction avec quelqu'une des lois en vigueur.
- (Largo Caballero, in : Fundación Pablo Iglesias, Archives de Francisco Largo Caballero, XXIII, p. 477)
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« Comme les fascistes étaient aux portes de la capitale de l'Espagne, il a demandé (Juan Negrin) au Conseil des Ministres l'autorisation de sortir l'or de la Banque d'Espagne, et de l'envoyer en lieu sur, sans dire où. (...) Comme première mesure le transfert aux forts de Carthagène. Ensuite, craignant un débarquement, il décida de le transférer hors d'Espagne. (...) Il n'y avait pas d'autre endroit que la Russie, pays qui nous aidait avec armes et vivres. Et il l'a livré à la Russie. »
— Largo Caballero
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« Comme je suis certain que Largo Caballero, de qui j'étais moi-même ami intime, ne se trouvait pas dans un tel état de désespoir quant au dénouement de la guerre, et qu'il m'en faudrait beaucoup pour imaginer Negrín en prise avec un tel abattement, il ne me reste pas d'autre alternative que de revenir à l'hypothèse de la pression soviétique, ou de dire simplement que l'envoi de l'or vers la Russie fut une folie en tout point inexplicable. »
— Luis Araquistáin
- Organisation anarcho-syndicaliste fondée en 1910 à Barcelone (Catalogne, Espagne). Elle devint le principal syndicat ouvrier espagnol, et reste la principale organisation anarchiste du pays.
- (Bolloten 1989: 268-9)
- (Olaya Morales 2004a: 289-93)
- (Beevor: 232)
- (Beevor: 716-717)
- (Ansó 1976: 317)
- (2001: 95) - (es) Site académique d'Aceña
- La mano de Stalin sobre España, par Walter Krivitsky, traduit du «The Saturday Post», Philadelphie, publié en espagnol par Claridad, Buenos Aires, en 1946. Recueilli par la «Fundación Andreu Nin».
- Le 14 septembre, le jour même où les insurgés créaient leur propre Banque d'Espagne à Brugos.
- Fernando Schwarz. La internacionalización de la guerra civil española, Barcelone, 1971, p. 210; cité par: (Olaya Morales 2004a: 287).
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« « A la mi-septembre 1936, selon l'information personnelle et directe de Monsieur Martínez Fresneda au Conseiller en Chef, le 14, on convoqua un Conseil extraordinaire et secret pour le lendemain, le 15. Ce jour-là, Monsieur le Gouverneur rendit compte de ce que le Gouvernement avait décidé, devant l'avancée des troupes insurgées, de se saisir de tout l'or de la Banque, pour le transférer en site et en lieu où il serait plus en sécurité qu'à Madrid, vers laquelle se dirigeaient les dits insurgés pour la prendre, et qu'en fait le dit transfert avait déjà commencé. Ensuite Monsieur Martínez Fresneda a dit que, recevant l'information simultanée de l'accord gouvernemental de la confiscation de l'or de la Banque et de l'exécution de cet accord, il ne pouvait discuter d'un tel accord pour le contester ou empêcher sa réalisation, étant donné qu'il est déjà en cours d'exécution, mais, s'il ne pouvait y avoir discussion, par contre il pouvait et faisait observer de la manière la plus solennelle ses protestations énergiques, en considérant cet accord illégal et nul en droit. Il était illégal, parce que l'or étant propriété exclusive de la Banque, ni l'Etat ni le Gouvernement ne pouvaient en disposer. D'autre part, l'or est la réserve prévue par la loi et qui garanti la convertibilité des billets, et cela étant ainsi, il ne pouvait se trouver en aucun lieu sinon dans les coffres de la Banque et précisément quand viennent de s'inaugurer des nouvelles chambres fortes, qui répondent à tous les progrès de sécurité contre les incendies, les bombes, etc., tout cela démontre le caractère malencontreux de cet accord. Il a conclu en réitérant ses protestations et à celles-ci se joignirent en termes égaux en énergie du Monsieur Álvarez Guerra (Conseiller en Chef). » »
— Extrait du rapport in voce prononcé devant le Conseil Général de la Banque d'Espagne à Burgos dans sa session du 22 septembre 1937; cité par (Sánchez Asiaín:1999: 114-115).
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